Présentation de l'avion Alphajet, un biréacteur franco-allemand au service des forces aériennes

Conçu pour répondre aux besoins des forces aériennes des deux pays en matière d'instruction et d'appui tactique, cet avion biréacteur léger a rapidement fait ses preuves auprès de nombreux utilisateurs à travers le monde. Dans cet article, nous vous proposons une présentation détaillée de ce fleuron de l'industrie aéronautique militaire, depuis sa conception jusqu'à ses multiples usages.

Les origines du projet et la coopération franco-allemande

Le développement de l'Alphajet trouve son origine dans l'émergence, durant les années 1960, d'un besoin commun aux forces aériennes françaises et allemandes : celui de disposer d'un nouvel avion d'entraînement et d'appui tactique, susceptible de remplacer progressivement les appareils en service à l'époque (Fouga Magister pour la France, Lockheed T-33 et Piaggio P-149 pour l'Allemagne). Face à ce constat, les deux pays décident en 1968 de lancer conjointement un programme visant à étudier les possibilités de collaboration dans ce domaine, sous le nom de code "Ecole Vol", dont les travaux aboutissent à la signature, en 1970, d'un accord de partenariat entre les sociétés Dassault et Dornier.

Un cahier des charges commun et un partage des responsabilités

Dans le cadre de cette coopération franco-allemande, il est décidé que chaque pays prendra en charge une partie du développement de l'appareil, en fonction de ses compétences et de ses besoins spécifiques. Ainsi, la France apporte son expertise en matière de conception aéronautique, notamment dans les domaines de l'aérodynamique, de la structure et des systèmes embarqués, tandis que l'Allemagne s'occupe du développement du moteur, du train d'atterrissage et des équipements avioniques. Par ailleurs, les deux partenaires conviennent d'établir un cahier des charges commun pour les principales caractéristiques de l'avion, avec pour objectif de garantir une interopérabilité maximale entre les différentes versions produites.

Caractéristiques techniques du biréacteur Alphajet

L'Alphajet se distingue par plusieurs caractéristiques techniques qui en font un appareil polyvalent et performant, adapté aux missions d'instruction et d'appui tactique.

Motorisation et performances

D'un poids total en charge d'environ 5 tonnes, l'Alphajet est propulsé par deux turboréacteurs Snecma-Turbomeca Larzac 04-C6, développant chacun une poussée de 1300 kg, qui lui permettent d'atteindre des vitesses maximales de l'ordre de 1000 km/h et des altitudes de plus de 14 000 mètres. L'autonomie de l'appareil est également remarquable, avec une capacité d'emport en carburant de près de 1500 litres.

Armement et équipements électroniques

En matière d'armement, l'Alphajet dispose de cinq points d'accrochage sous voilure, permettant d'emporter jusqu'à 1745 kg de charges utiles, telles que roquettes, missiles air-sol ou bombes guidées. L'avionique embarquée comprend notamment un radar doppler à impulsion courte bande I (transmetteur électronique latéral), un radioaltimètre, un système de navigation inertielle et un calculateur de bombardement. Enfin, la version française de l'appareil est équipée d'un canon DEFA 553 de 30 mm.

Variants et utilisateurs de l'avion Alphajet

Depuis sa mise en service au début des années 1980, l'Alphajet a été décliné en plusieurs versions et en a séduit de nombreux pays autour du monde. Voici les principaux variants :

1. Alphajet E : Version initiale, destinée à l'instruction et à l'appui tactique, produite pour les forces aériennes françaises et allemandes.
2. Alphajet MS1 : Exportation vers les pays africains, avec les équipements électroniques standards et sans canon.
3. Alphajet MS2 : Version optimisée pour les missions d'attaque au sol, destinée principalement aux utilisateurs du Moyen-Orient.
4. Alphajet A : Variante de l'Alphajet E, plus légère et dotée de performances aéronautiques améliorées, produite à la demande des forces aériennes autrichiennes et belges.

Au total, l'Alphajet compte aujourd'hui près de 500 unités réparties dans une vingtaine de pays, dont la France, où il est notamment utilisé par la Patrouille de France au sein de son dispositif acrobatique. Parmi les autres utilisateurs significatifs figurent le Qatar, l'Egypte, le Portugal ou encore le Nigeria.

Alphajet et formation des pilotes

L'un des rôles clés de l'Alphajet est d'assurer la formation des pilotes militaires français et allemands. Dans cette optique, l'appareil est spécialement conçu pour répondre aux exigences pédagogiques des écoles de pilotage, en offrant un environnement de travail ergonomique et sécurisé pour les élèves et leurs instructeurs. La qualité de la formation dispensée sur Alphajet est d'ailleurs reconnue à l'international, puisque plusieurs pays, tels que le Brésil, le Canada ou Singapour, ont choisi d'intégrer cet appareil à leurs programmes d'enseignement.

Les perspectives d'évolution et de remplacement

Après plus de quatre décennies passées au service des forces aériennes, l'avenir de l'Alphajet reste incertain, en raison notamment de l'obsolescence relative de certains équipements électroniques et de la nécessité pour les divers utilisateurs de prévoir leur remplacement à moyen terme. Néanmoins, plusieurs options sont aujourd'hui envisagées pour prolonger l'emploi opérationnel de cet avion :

• Modernisation et rénovation : Des programmes ont été lancés par certains pays, tels que le Portugal, afin de moderniser leurs flottes de Alphajet en mettant à niveau les systèmes avioniques et les motorisations, ce qui permettrait de garantir l'interopérabilité avec les appareils de nouvelle génération.
• Vente sur le marché de l'occasion : Plusieurs exploitants de Alphajet, comme la Belgique ou l'Autriche, ont choisi de revendre leurs exemplaires sur le marché international, où ils suscitent un certain intérêt auprès des pays désireux d'accroître rapidement leurs capacités militaires sans recourir à des achats neufs onéreux.
• Successeurs nationaux ou internationaux : Dans le cas de la France, un projet de coopération avec d'autres partenaires européens – dont l'Allemagne, naturellement – est actuellement en cours de discussion, avec l'objectif de développer un nouvel avion d'appui et d'entraînement commun, susceptible d'entrer en service à l'horizon 2025-2030.

Quelle que soit la voie choisie, il est certain que l'avion Alphajet aura marqué de son empreinte l'histoire de l'aéronautique militaire franco-allemande et européenne, en démontrant avec brio les vertus d'une coopération transfrontalière réussie.